
Le nouveau gouvernement opte pour un avertissement sanitaire sans nuance
Éviter les conséquences involontaires considérables de cette décision est désormais la responsabilité de l’ensemble de l’équipe gouvernementale.
En décidant de modifier l’avertissement sanitaire sur la publicité pour l’alcool, passant de « L’abus d’alcool nuit à la santé » à « L’alcool nuit à la santé », le nouveau gouvernement s’impose une lourde responsabilité. Ce changement, en apparence mineur, a des conséquences majeures. En affirmant sans nuance que toute consommation d’alcool est nuisible, le gouvernement ne choisit pas la sensibilisation, mais la stigmatisation. Il ouvre ainsi la porte à une politique qui ne vise plus seulement l’abus d’alcool, mais toute forme de consommation d’alcool. Les brasseurs belges avertissent que ce changement de cap ne fera pas progresser la santé publique et s’interrogent sur la prise de conscience du gouvernement quant à l’impact sociétal et économique de sa décision.
D’une politique de santé équilibrée à une approche dogmatique
Les brasseurs belges reconnaissent l’importance d’une politique de santé réfléchie et se sont toujours positionnés comme un partenaire constructif dans la lutte contre l’abus d’alcool. Cependant, avec « L’alcool nuit à la santé », le gouvernement abandonne complètement une approche ciblée, équilibrée et scientifiquement fondée.
« Il n’existe aucune preuve scientifique univoque que la consommation modérée d’alcool soit nocive dans le cadre d’un mode de vie sain », déclare Krishan Maudgal, directeur de Brasseurs Belges. « Pourtant, le gouvernement choisit de diffuser un message simpliste qui ne laisse aucune place à une information correcte et à une prise de conscience. Cette approche alimente la polarisation et sape la confiance du consommateur en matière d’éducation à la santé. Ce n’est plus une politique de santé, mais une croisade idéologique qui prive le consommateur de toute forme de responsabilité personnelle », ajoute Krishan Maudgal.
Autorégulation et avenir de la culture belge de la table, de la boisson et des cafés en péril
Le cadre d’autorégulation en matière de publicité pour l’alcool a pourtant prouvé son efficacité. Ces dernières années, les brasseurs ont franchi des étapes significatives en matière d’autorégulation. Ils ont non seulement investi dans la diffusion d’informations sur une consommation responsable, mais aussi dans la promotion d’un marketing éthique et le soutien d’initiatives visant à accroître la sensibilisation à la consommation d’alcool. Ces efforts ont été menés avec conviction par le secteur, dans le cadre de sa responsabilité en matière de santé publique, et en étroite collaboration avec le Conseil de la Publicité, les agences de publicité, le secteur des médias, les fédérations de l’horeca, etc.
« Toutefois, le récent changement de cap du gouvernement risque non seulement de nuire à la santé publique, mais aussi de fragiliser les fondements de notre culture belge de la table, de la boisson et des cafés. Notre culture brassicole, mondialement reconnue et inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, est sous pression. Avec une politique qui ne vise plus seulement l’abus d’alcool, mais également la consommation modérée, il est légitime de se demander si la richesse de notre culture pourra subsister sous sa forme actuelle. Si cette approche se poursuit, nous risquons d’assister à la disparition d’une des traditions les plus emblématiques et appréciées de la Belgique », déclare Krishan Maudgal.
Impact économique : un secteur sous pression
En plus de l’impact sur la santé publique et la culture belge, le gouvernement ignore totalement les conséquences économiques de cette décision. Le secteur brassicole belge représente 1 % du PIB et génère directement 7 000 emplois, avec 5 000 autres postes dans la chaîne d’approvisionnement. Alors que la consommation de bière en Belgique diminue structurellement depuis 25 ans et que le secteur a dû faire face à une succession de crises – marquées par une hausse exponentielle des coûts de production et une perte de compétitivité des bières belges à l’étranger – l’industrie se retrouve sous une pression immense.
Alors que les bières locales sont proposées à des prix plus attractifs que les bières belges importées dans d’autres pays, ce gouvernement semble ignorer que notre pays est internationalement reconnu pour sa culture brassicole. Cette nouvelle politique risque non seulement d’affaiblir notre secteur brassicole, mais aussi de saper la compétitivité d’une industrie dans laquelle la Belgique excelle à l’échelle mondiale.
Appel au gouvernement : assumez vos responsabilités
Les Brasseurs Belges appellent le gouvernement à assumer ses responsabilités et à adopter une politique fondée sur les faits, le dialogue et le bon sens.
« Le choix de cet avertissement sanitaire simpliste a des conséquences majeures, tant sur le plan sociétal qu’économique », déclare Krishan Maudgal. « Nous avons toujours assumé nos responsabilités dans la lutte contre l’abus d’alcool. Il appartient désormais au gouvernement de nous assurer qu’il voit encore un avenir pour nos brasseries en Belgique. Et cela ne peut se faire qu’en veillant scrupuleusement à maintenir un statu quo concernant les mesures qui dépassent une lutte objective et scientifique contre l’abus d’alcool. Il est temps d’informer et de sensibiliser, et non de stigmatiser ou de diaboliser. » Les brasseurs lancent donc un appel clair aux décideurs politiques pour qu’ils définissent dès le premier jour des limites précises à cette nouvelle approche et qu’ils collaborent à une politique bénéficiant d’un large soutien.
« Nous assumons nos responsabilités », conclut Krishan Maudgal. « La nouvelle gouvernement en fera-t-elle de même ? »